broken pieces of a barely breathing story (diggrass)

Admin Messages : 2 Date d'inscription : 13/01/2023

Le couvre-feu avait sonné son glas depuis longtemps, mais la vipère n’y prête pas attention. Les pieds nus sur le carrelage froid de l’école la tiennent peut-être éveillée. Sa montre lui apprend qu’il est déjà deux heures du matin, et pourtant, elle ne semble pas prête à retourner vers son dortoir. Elle ne sait même pas bien ce qu’elle fait là. En plein milieu de la bibliothèque, alors qu’elle aurait dû quitter l’endroit depuis des heures, assise au milieu de livres qu’elle n’a même pas ouvert, de parchemins jonchés sur le sol, elle était censée avancer sur son devoir de politique magique. Mais rien n’y fait. Le courage ne vient pas, l’inspiration est ailleurs, elle est juste fatiguée. Fatiguée et lasse, mais comme souvent depuis des mois, il lui est impossible de dormir. Alors, elle défie les règles, compte sur l’amitié de Theodore Nott pour la protéger si elle venait à être aperçue, et quitte la salle commune des serpents, en toute discrétion, pour rejoindre la bibliothèque. Elle était déjà là depuis trois heures et elle n’avait rien fait. Rien. Pas un seul mot, pas une seule idée. En réalité, elle n’était pas venue ici pour travailler mais pour être seule, avec elle-même. Ne pas penser, ne pas imaginer le pire. Oublier les fiançailles de sa sœur, celles qui planent sur sa propre ombre, et l’absence, le vide en son for intérieur. L’impression d’avoir tout loupé, d’avoir tout manqué. Un avenir qu’elle s’était refusée, un avenir qu’elle ne pensait pas mériter. Elle pensait se protéger, elle pensait le protéger mais elle avait eu tout faux. Et même lorsqu’elle pensait que tout était terminé, même quand elle pensait que la distance suffirait à lui faire oublier, il était là. Toujours là. Peut-être aurait-elle dû refuser sa huitième année. Peut-être alors aurait-elle pu réellement mettre toute cette histoire derrière elle. Hufflepuff mistake, elle murmure à ses camarades quand ils osent évoquer le sujet face à elle. Elle ne dira jamais qu’elle pense my beautiful Hufflepuff mistake. C’est un bruit sourd qui la sort de sa rêverie. Un bruit qui la ramène à la réalité. Et les jambes engourdies, elle peine à se lever alors que la fatigue s’abat sur elle d’un seul coup. Elle réalise qu’il serait peut-être temps de retourner dans son dortoir et dormir. Au moins, essayer de trouver le sommeil. Alors, une fois debout, elle range les livres d’un geste de sa baguette, récupère son parchemin et se dirige vers l’entrée de la bibliothèque. Elle fronce les sourcils lorsqu’elle aperçoit une petite lueur à quelques rayonnages d’elle. Elle aurait sûrement dû faire demi-tour – il pouvait après tout s’agir d’un préfet ou d’un professeur – mais une détermination étrange la pousse à s’avancer vers la lumière. Quelques pas silencieux et l’ombre d’une forme humaine se dessine devant elle. Un garçon. Et même de dos, elle le reconnaît. Même dans la pénombre, elle sait que c’est lui. Elle en a le souffle coupé quelques secondes. Elle aurait dû faire demi-tour : il ne l’avait pas vu, il ne l’aurait pas entendu partir. Mais, d’un ton neutre, alors que son cœur même s’accélère, et qu’elle se maudit pour ça, elle l’interpelle : « what are you doing here at that time of night ? »

Messages : 1 Date d'inscription : 13/01/2023

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broken pieces of a barely breathing story (diggrass) Ytmg

J'ai appris à simplifier, au fur et à mesure ce que j'apprends... comme tout ce que j'ai appris. Même si l'on essaie de me faire croire que la vie est compliquée, j'ai tenté d'apprendre à la voir comme étant de plus en plus simple et agréable. Tout ce qui m'ennuie est là pour m'enseigner la patience. J'ai laissé l'humilité et l'empathie entrer dans ma vie pour cesser de laisser mon être se faire ronger par la tristesse. L'attente essaierait-elle de m'apprendre que l'amour est impossible ? Qu'en devenant impossible je deviendrai incapable de réussir ou d'échouer ? Maintenir le désir relativement pur pour n'être défait que par le néant ? Je suis devenu borné en l'aimant, j'ai noué des liens symptomatiques avec Daphne qui ne respectent pas la réalité de notre état. Séparés par des mœurs, qui guidaient les décisions de notre personne. Je le sais. Je le vois. Nous voulions nous aimer, j'en avais l'intime conviction. La vie devient alors cette idiote traversée, et en fond repose une musique imprégnée de cruauté. La vérité, c'est que mes sentiments exigent les siens. Il est impossible de préférer sans vouloir l'être, de se dévouer sans vouloir qu'elle me rende le dévouement. Et ironiquement, au rayon romanesque des amours impossibles, il n'y a pas trente solutions, il y en a des milliers. Comment choisir l'issue ? Pourtant en la trouvant, s'offrirait à nous l'exploration du possible. Partir vers l'impossible. Une tentative de notre imaginaire pour affronter les codes. Sans doute des conneries. « Rien. » Une réponse sèche, symptomatique de la rancune que j'avais. Malgré que j'étais compréhensif avec elle, de par son statut, je ne pouvais définitivement pas m'oublier. C'est ce que je fais constamment. A son arrivée, je connais un Mattheus qui l'aurait regardé avec admiration et qui serait aussi resté sans voix. Je me lève aussitôt, refermant le bouquin lié à la médicomagie pour le caler sous mon bras. L'étreinte du boucan est sévère, forte, comme si j'étais tendu. Mon regard ne traduit pas la passion d'il y a plusieurs fois, pourtant je ne demandais que ça : l'exprimer. « La dernière fois tu m'as esquivé, et aujourd'hui tu me parles. » Je penche ma tête sur le côté. Je la sonde du regard et ma main s'enfonce dans l'étagère à côté pour ranger le livre dont je m'étais emparé. Les ASPICs arrivaient à grand pas, et il fallait que je reste focus. Mais comment réussir quand elle est là ? Même en étant rancunier, je la vois, je m'en retrouve presque désarmé.

« Mais je n'arrive pas à me dire que je dois prendre mes distances. »

Admin Messages : 2 Date d'inscription : 13/01/2023

Elle hausse les sourcils quand il lui répond vaguement, froidement. Elle ne ressent aucune rancune, cependant, car elle comprend. Elle comprend qu’elle est allée trop loin lors de leur dernière rencontre, qu’elle l’a chassé comme un moins que rien, comme si ce qu’ils avaient vécu n’avait jamais existé. Mais elle avait peur, Daphne. Elle était terrifiée. Terrifiée que d’autres personnes croisent leur chemin, et colportent encore d’autres rumeurs idiotes. Terrifiée, surtout, à l’idée que ses sentiments puissent ressurgir aussi rapidement qu’ils étaient apparus si elle restait trop longtemps en sa compagnie. C’est pour cela qu’elle doit tourner les talons. Now. Mais il ouvre à nouveau la bouche et elle reste plantée là, tentant de rester droite et digne alors qu’elle mourrait d’envie de glisser sur le sol, parce que ses jambes peinaient à la soutenir. « Je sais, je m’en souviens parfaitement. » Son ton est moins froid qu’à l’accoutumée, mais elle ne cherche pas à donner une explication quelconque. Elle était certainement de très mauvaise humeur ce jour-là, et le fait qu’il quémande d’elle une parole, une discussion, l’avait mis hors d’elle. « Il est deux heures du matin, tu devrais aller te coucher. » Elle-même devrait y aller, mais ses pieds ne suivent pas tout de suite son commandement. Elle observe le pouffsouffle en silence pendant de longues secondes – songeant que, même le visage rongé par la colère, il en restait incroyablement beau – avant de se détourner et de prendre le chemin qui la mènerait à la sortie. Mais elle s’interrompt, alors que la voix du garçon lui parvient à nouveau aux oreilles. Shit. Son cœur se serre, son estomac se tord. Shit, shit, shit. Lentement, elle se tourne vers lui. « Tu devrais vraiment arrêter de dire ce genre de choses. » Elle articule chacun des mots lentement, comme pour accentuer la menace pensant au-dessus d’eux. « Il faut que tu arrêtes, Mattheus. Vraiment. » C’était là presque une supplique, bien différente de ce qu’elle avait pu lui dire la dernière fois avant de lancer un sort pour le tenir à l’écart. « You need to let me go. » Elle lève les yeux vers lui, le regard qui la bouleverse. « Because if you don't, I won’t be able to get over you. » Elle savait que tout était entre les mains du garçon. S’il l’oubliait et décidait d’aimer une autre fille, alors, tout serait plus simple pour elle. « For Merlin’s sake, can you stop looking at me like that? » Parce que dans le regard de Mattheus, elle lit toute sa colère et rancœur, mais aussi tout ce qui l’a bouleversé l’année dernière. Et, là, à cet instant, elle n’a qu’une seule envie. Mais elle ne peut pas y céder, elle ne doit pas y céder.